Table-Ronde :

Dégenrer/Déranger: VOL AU DESSUS DES NOMS DU GENRE, Université Paris Nanterre, 31 août 2018, 9-10H 20, salle D 116

Une prescription menace sous le mot « genre » : celle d’une mise en catégorie nominale, là où le terme anglophone « gender » est une arme, une force de frappe verbale, un éclat de voix. Relire, ici, cette phrase oubliée de Judith Butler : « Gender is not a noun » (Gender Trouble). Ce qui relève de la prothèse appelée Djender (et son trouble) avec DJ et plateformes de mixage, est trahi autant que traduit en français par le nom de « genre ». Comment mettre en mots les « rapports sociaux de sexe » sans parler la langue des noms ?

Pour sortir des oppositions binaires, Marx avait proposé, dans un texte de jeunesse, de tenter de penser hors-cases, via ce qu’il appelle alors le « sexe non-humain » (K. Marx, Critique du droit politique hégélien, p. 145), et Butler n’a cessé, après Gender Trouble, de dé-traquer les mots stables, de rechercher les coalitions et superpositions, quitte à tordre la langue pour la tirer vers un instable « excitable » (dans Excitable Speech, écrasé en traduction sous Le Pouvoir des mots).

Si la langue française entraîne un impératif de substantivation, il n’en va pas de même de la « pensée » du genre, qui a tout intérêt à se démarquer de la langue institutionnelle, à interroger ses mots-maquettes, ses formules prêtes à penser ou prêtes à manger tels que « parité » ou « consentement ».

Communications:

BENVENISTE Annie Université Paris 8. France #metoo : Comment les médias fabriquent du genre
EL MIR Myra Doctorante UMR LEGS/CNRS/Paris-8/Paris-Nanterre. France ﺗﺠﻨﺪرﻧﻴﺶ ﻣﺎ (ma tjandernish): Ne me genre pas!
POUZOL Valérie Université Paris 8. France Quand les racines des mots engendrent des maux : Construction des figures du mâle (guever) et de l’héroïsme (gvoura) dans le nationalisme israélien
SETTI Nadia Doctorante UMR LEGS/CNRS/P8/Paris Nanterre. France L’art de la glisse : contrepoints, contretemps, contre-lectures